Démarche

Démarche artistique

Mes tableaux mettent en jeu des forces, des motifs et des formes avec une intensité neuve et une optique propre à la peinture.

Le monde dont je fais partie me touche et me projette dans la confusion. Il me semble que mes idées sur celui-ci demeurent toujours partielles par sa démesure et son infinité. C’est entre autre parce que j’y suis immergé, comme un élément constituant, et donc hanté par les choses qui m’entourent et m’habitent. Mon travail est un faire qui surgit d’une présence face aux choses, un mouvement pour habiter la matière. J’utilise des matériaux recyclés, non par vertu écologique (bien qu’il soit utile de faire d’une pierre, deux coups), mais dans une démarche qui se laisse distraire par les hasards d’accidents matériels. Ces matériaux sont tantôt solides (objets de métal, bois, pièces d’outillage), tantôt pigmentaires (latex récupéré) ou textiles (gamme de tissus). Je fais du numérique à la main, de la sculpture avec de la peinture et vice-versa.

Les tissus et les motifs jouent un rôle important dans mes oeuvres, matériellement, mais aussi émotivement: ce sont souvent des tissus qui rappellent des visites à la kermesse, les courtepointes de ma grand-mère ou les draps psychédéliques de mon enfance. Les tissus ajoutent une couche de mouvement et de vibration ainsi qu’une différente matérialité que la peinture. En soupesant la charge de possibles dans les matériaux, leurs énergies et leurs forces, j’opère une digestion massive du réel, de proche en proche, une mastication. En questionnant les perceptions par des jeux rhizomatiques qui montrent du mouvement infini, l’œuvre est un fait que l’on évalue et palpe comme un paysage qui entraîne du mouvement. C’est en ce sens une œuvre « tellurique » ou « sismographique ». Il y a là une quête de connaissance et de compréhension de tout ou de n’importe quoi. La vision transperce tout objet et ne connaît aucune autre limite que la sienne, c’est-à-dire celle de l’individuation et de ses contingences.

L’art de travailler la peinture est évènementiel, les idées premières sont toujours détournées vers des inattendus ou du moins jamais visualisées d’avance. Ainsi, le travail est vécu comme une activité de l’ordre du trajet: trace et capture du réel en image au lieu de projet. L’art que je pratique ne reproduit pas le visible; il rend plutôt les visions ou fantômes du corps sensibles. Les traces laissées deviennent ainsi nécessairement une singularité.

Je m’appelle Benoit Blondeau et je viens des Saules.